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Adelaïde
Les marais du Cotentin sont fascinants et ils invitent à la méditation celle-ci peut-être relaxante mais elle peut-être également source d'inspiration plus que troublante et c'est mon cas ah oui, les marais m'inspirent des êtres extraordinairement fascinants.
O dieux, dieux ! Comme la terre est triste, le soir ! Que de mystères dans les brouillards qui flottent sur les marais ! Celui qui a erré dans ces brouillards, celui qui a beaucoup souffert avant de mourir, celui qui a volé au dessus de cette terre en portant un fardeau trop lourd, celui-là sait ! Celui-là sait, qui est fatigué. Et c’est sans regret, alors, qu’il quitte les brumes de cette terre, ses rivières et ses étangs, qu’il s’abandonne d’un cœur léger entre les mains de la mort, sachant qu’elle - et elle seule - lui apportera la paix. Le maître et Marguerite. Mikhaïl Boulgakov.
Le marais, c'est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n'est plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu'un marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basses couvertes d'eau ? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, les étranges feux follets, le silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de mortes, ou bien encore l'imperceptible clapotement, si léger, si doux, et plus terrifiant parfois que le canon des hommes ou que le tonnerre du ciel, qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux. Le Horla. Guy de Montpassant.
Adelaïde,
Le marais ressuscite en ce terrible hiver
trouble le voyageur et séduit les chimères
alors que ses eaux brunes dévorent le relief
la terre se résigne à lui livrer son fief.Une légende dit que parfois dans la nuit
aux heures les plus sombres renaît de son abri
la Dame des marécages qui y périt jadis
condamnée par des hommes voués aux sacrifices.Assouvir sa vengeance en semant la terreur
est le dessein suprême stupéfiant de rancœur
d'Adélaïde qui jaillit du fond des trous
pernicieuse ô combien à rendre le monde fou.
La démone renaît juste quelques secondes
dès que sonne le glas telle une moribonde
elle inonde l'enclos et maudit les maisons
proférant violemment l'obscène malédiction :- Que dans chaque logis vos âmes-là tressaillent !
Que les haras s'ébrouent et les étables braillent,
que la lune consume vos esprits venimeux
que les astres s'enflamment et aveuglent vos yeux !Adélaïde exulte, sa haine est infinie
la terreur des mortels attise sa folie
et c'est l'instinct du mal lui seul qui la guide
car son temps est compté. Elle s'agite perfidequand d'autres entités jaillissent du fond des cieux,
des spectres disloqués tout aussi dangereux.
Quand la diablesse attaque féroce sans merci
le combat est terrible jusqu'à leur agonie.Mais la pointe du jour va briser la furie
et l'eau va l'absorber même l'anéantir.
Adélaïde fut ! c'est ce qu'on dit je crois
alors qu'on s'extasie du calme de l'endroit.Adélaïde Auteure Catherine Pallois Tous Droits Réservés
L’espérance
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vieFace aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuitsDes clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbariesDes clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérirJ’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.Andrée Chedid
Poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004
Tags : adelaide, démente, terre, marais, l’esperance
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