• La nuit de feu de Eric-Emmanuel Schmitt

    La nuit de feu de Eric-Emmanuel Schmitt

    " Quelque part mon vrai visage m'attend " 

    est né le 28 mars 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon dans la région Rhône-Alpes, c'est un dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur français naturalisé belge en 2008 c'est également un philosophe.

    La nuit de feu de Eric-Emmanuel Schmitt    La nuit de feu de Eric-Emmanuel Schmitt

    Edité chez Albin Michel

     

    Résumé de l'éditeur :

    À vingt-huit ans, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant dans la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu ?

    Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique –, Eric Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois, dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun de nous.

     

    Mon ressenti

    Il s'agit d'une autobiographie et elle est bouleversante. Eric-Emmanuel Schmitt romancier et philosophe a rencontré Dieu sur le mont Tahat qui est le haut sommet d’un massif planté au beau milieu du Sahara. Le sahara, le hoggar qu'il ne connaissait pas et qu'il va découvrir lors d'une expédition à l'âge de 28 ans ce voyage a changé le cours de sa vie future.

    En fait, il travaille sur l'écriture d'un scénario dont le personnage principal est Charles de Foucauld.

    La nuit de feu de Eric-Emmanuel Schmitt

     

    Mon Dieu, si vous existez, faites vous connaître ! Citation de Charles De Foucauld

    (Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg il meurt le 1ᵉʳ décembre 1916 dans le Sahara algérien, c'était un officier de l'armée française devenu explorateur et géographe, puis religieux catholique, ermite et linguiste. Il a été béatifié le 13 novembre 2005 par le pape Benoît XVI. Il est célébré le 1er décembre (source wikipédia).

    Parmi ses compagnons de voyage il y a Abayghur leur guide saharien avec lequel il va créer un lien très particulier, silencieux, amical et respectueux. Abayghur et lui ne peuvent se comprendre ne parlant pas le même langage donc ils communiquent l'un et l'autre avec les yeux et avec les mains et deviennent presque complices.

    L'Auteur cherche Dieu et après s'être égaré dans le désert reviendra vivant et transformé d'une nuit qu'il aurait du lui être fatale mais d'où il sortira convaincu de croire, désormais. 

    l'écriture est simple à la portée de tous. La beauté et la dangerosité du lieu, le manque d'eau sont ressentis à chaque page dans chaque mot. La grande sagesse des Touareg est mise exergue.

    Dans son livre magnifique l'Auteur cite Dassine

    " L'eau elle-même sait nous dire "Je t'aime" en posant sur nos lèvres le meilleur des baisers. "

    La nuit de feu de Eric-Emmanuel Schmitt

    Qui était Dassine ?  j'ai cherché sur le net et j'avoue là mon inculture. de son vrai nom : Dassine Oult Yemma, Sultane du désert, etait la plus grande "sultane d'amour". Elle "était messagère de paix " entre les Touareg dissidents.

     

    Quelques extraits 

    page 32 ... Ici, chez eux, en Afrique, les dromadaires me procuraient une impression différente. Calmes, libres, nantis d'une élégance nonchalante, ils arpentaient le pâturage d'une démarche élastique. Tandis que certains reposaient à l'ombre des acacias, d'autres cueillaient le chardon, écrêtaient les buissons, tendaient le museau jusqu'aux branchages. Précautionneusement, ils se contentaient d'une fleur par-ci, d'une feuille par-là, respectant les végétaux pour que leur vie se perpétue. Silencieux, quasi immobiles, ils devenaient de grandes plantes parmi les arbustes, empreints d'une sérénité végétative, leurs longs cils évoquant des pistils et des étamines qui voileraient un regard débonnaire...

    page 39 : " Quelque part mon vrai visage m'attend " J'avançais la nuque basse, mollets et bras contractés, pouces coincés dans ma ceinture, l'oeil vissé aux gravats du dénivelé pour éviter la chute. Le sac pesait tant qu'il me déséquilibrait sitôt que mes chevilles vacillaient...

    page 48 : .. L'obscurité effaçait tout, les reliefs, les distances, les objets, les humains. La vigueur et l'importance de cette journée s'étiolaient dans un néant provisoire. J'eus peur. Peur de la nuit. Peur du groupe inconnu. Peur de ce guide américain qui jouait davantage la compétence qu'il ne l'incarnait...

    Page 50 : .. Un être me rassurait : Abayghur le Touareg... Je me glissai auprès de lui devant les flammes. Il m'offrit un thé sucré à la menthe. Mes paumes glacées enrobèrent le verre chaud.

    page 66 : .. J'ai toujours eu du mal à capter l'infini. Si j'arrive à le penser, j'échoue à me le représenter. Philosophiquement, une définition claire s'affiche : " Ce qui n'a pas de bornes " ; mathématiquement aussi : " Ce dont le nombre d'éléments est plus grand que tout nombre choisi " ; en revanche, mon imagination bafouille. Sitôt que des figures surviennent dans mon esprit, elles sont concrètes : je vois une borne après une borne, pas l'infini ; je visualise un nombre et lui rajoute une unité, je n'aperçois pas la traction, mes sens se cabrent devant l'obstacle...

    page 89 : .. Abayghur préparait le thé, les yeux perdus dans le ravissement. La brève rencontre se prolongeait bien au-delà de l'instant, elle nourrissait en lui des sentiments profonds qui l'amenaient à soupirer avec délices. En le fixant, j'entendais les poèmes du Sahara se croiser en mon esprit...

    page 90 : .. Un à un, le désert pointait mes défauts...

    page 115 : .. Aux éblouissements horizontaux succédaient les éblouissements verticaux. A chaque instant surgissaient de nouvelles cimes, d'autres pierriers, d'autres ravins. Sous un soleil mordant, nous traversions l'atelier où avait travaillé la nature lorsqu'elle était jeune, colérique et sauvage...

    page 120 : .. A mesure que nous progressions en hauteur, nous gagnions en privilège. Tout devenait grandiose. Nous observions la terre à l'infini, et ses poussées tumescentes...

    page 124 : .. Je me rends compte, que cet après-midi, j'ai dévalé un leurre... Le chemin ressemblait au chemin mais ne l'était pas... Maintenant, c'est clair ; je suis perdu...

    page 128 : .. Mes yeux se rouvrent. Je m'affole. Je suis enfin conscient de ce qui arrive : me voici égaré dans le désert, sans eau ni vivres, à peine vêtu...

    page 131 : .. calé dans le sarcophage de sable, je tiens mon visage face à la nuit. Le champ des étoiles paraît moins vaste que le désert. A gros martèlements, mon coeur pompe le sang, incertain, en alerte, consterné de rester vivant au sein du minéral...

    page 134/135 : .. La suppression de la terre entraîne celle du ciel, je lévite, mais nulle part ; en quittant le temps, j'ai quitté l'espace ; et en route, j'ai égaré ma volonté puisqu'elle s'est abouchée avec celle d'un autre... De même que je ne pense plus en phrases, je ne perçois plus avec les yeux, les oreilles, la peau. Incendié, je m'approche d'une présence. Plus j'avance, moins je doute....

    page 139 : .. Dieu, je L'ai atteint par le coeur. Ou il a atteint mon coeur. Là, en moi, s'est creusé un corridor entre deux mondes, le nôtre et le Sien. J'ai la clé, le chemin. Nous ne nous quitterons plus. Quel bonheur qu'Il existe ! Joie ! Par ma foi toute neuve, je l'éprouve d'une façon puissante...

    page 159 : .. Si l'angoisse m'avait fait trop grand, la joie m'avait ramené à de justes proportions : pas grand par moi-même, plutôt grand par la grandeur qui s'était déposée en moi. L'infini constituait le fond de mon esprit fini, comme un bol qui aurait contenu mon âme...

     

    Eric-Emmanuel Schmitt ne veut rien imposer à ses lecteurs il veut juste témoigner et ce livre est en effet un témoignage bouleversant et plus que troublant.

    J'ai trouvé ce livre remarquable.

    Merci les enfants c'était un beau cadeau pour mes 65 ans et merci à Ana (au Mexique) de m'avoir mise sur la voie en me rappelant l'existence de cet excellent écrivain.

     

    Tempête

     

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  • Commentaires

    4
    ana
    Mercredi 28 Septembre 2016 à 20:01

    Un oublie! 

    Lorsque j´ai lu la phrase magnifique de Dassin sur l´eau (merci Babou de nous dire qui était elle), j´ai pensé a Jean d´Ormesson qui, vous savez, j´adore.

    Dans son livre "La création du monde", il parle si magnifiquement de l´eau, ou plutôt, c´est "Dieu" qui parla:

    "J´aime beaucoup l´eau.  Elle est imprevisible. Elle m´éttonera toujours. Quand je l´ai inventée, je n´etais pas mécontent.

    Elle est sérieuse et frivole.  Elle est solide et fuide.  Tu la prends dans tes mains, elle glisse entre tes doigts.   C´est une matière à la fois assez supple et assez résistante pourque tu puisses pénétrer et qu´elle pénétre en toi.

    Insaisissable et changeante, l´eau est l´image de la vie: elle est cruelle comme elle et enchanteresse comme elle"

    Je m´excuse d´avoir "sauté" quelques lignes.  J´ai copié seulement celles que j´ai soulignée dans le livre que j´ai tant aimée.

    Saludos afectuosos,  ana

     

     

     

     

      • Jeudi 29 Septembre 2016 à 08:49

        C'est vraiment un bel extrait suite à la citation de Dassine sur le miracle de l'eau merci infiniment Ana de nous faire part ici de vos émotions à la lecture de certains de vos livre dont la création du monde de Jean d'Ormesson : voici l'extrait page 124 en entier que je vais intégrer à une de mes poésie (l'eau ce miracle)

        " J’aime beaucoup l’eau. Moins que la lumière, bien sûr, qui va si vite, et même plus vite que tout. Mais beaucoup. Quand je l’ai vue couler en cascades du haut des montagnes et des glaciers, s’étaler dans les plaines en longs rubans paresseux, se rassembler en foule entre les continents, tomber du ciel goutte à goutte sur les forêts et les champs, j’ai éprouvé du bonheur. Elle est imprévisible. Elle m’étonnera toujours. Quand je l’ai inventée, je n’étais pas mécontent

        Elle est sérieuse et frivole. Elle est solide et fluide. Tu la prends dans tes mains, elle glisse entre tes doigts. C’est une matière à la fois assez souple et assez résistante pour que tu puisses pénétrer en elle et qu’elle puisse pénétrer en toi. L’eau coule de ville en ville, les bateaux la labourent, elle rend la terre fertile et, sous le soleil brûlant, tu te jettes dans ses bras et elle apaise ta soif. Elle sait aussi tuer avec une sûreté infaillible. Insaisissable et changeante, l’eau est l’image de la vie : elle est cruelle comme elle et enchanteresse comme elle. "

        A très bientôt Ana. très amicalement et bien sincèrement.

    3
    Mercredi 28 Septembre 2016 à 19:55

    J'ai été comblée par cette lecture et oui cet auteur a probablement une belle âme. Je vois qu'il est lu et beaucoup et c'est une bonne chose. Je vous remercie de vos visites fréquentes. A bientôt Ana et merci encore de laisser ici des messages et des commentaires qui intéressent tout le monde. Amiga muchas gracias querida.

    2
    ana
    Mercredi 28 Septembre 2016 à 19:08
    Merci a vous chère Babou! On a lu "La nuit de Feu" cette anée en classe et on a tous fort aimée. Eric-Emmanuel, il a une sensibilité évidente qui touche chacun d´entre nous. Il y a tant de ses livres et ses nouvelles que j´ai lu! Je suis une vrai fan et je suis très contente que vous aimes aussi.
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