• La vie est belle, ma belle

     A Mimi, mon amie.

    A toutes les Mimis qui se reconnaîtront, peut-être.

    "Vous pouvez arracher l'homme du pays, vous ne pourrez pas arracher le pays du coeur de l'homme". De J. Dos Pasos

    La vie est belle... ma Belle,

    Je mêle mes souvenirs à ta terrible histoire,   
    celle que tu me racontes si tristement ce soir.
    Celle qui fit de toi l'enfant déracinée
    d'une région, d'un pays que tu as tant aimés.

    De Provence où tu vis désormais aujourd'hui,
    tu me parles d'espoir, d'insertion réussie.
    Mais après cinquante ans tu caresses toujours
    le projet un peu fou de repartir un jour.
     
    Dis... comment une sirène peut hurler un adieu
    à des vies marchandées, au prix de quel enjeu ?   
    Tant de larmes versées, comme après chaque guerre,
    en même couleur de sang, se perdent dans la mer.

    La liberté des uns force l'exil des autres
    et fait courir aux quais des Hommes qui sont les nôtres,
    quand leurs regards voilés, spectateurs d'une vision,
    présagent l'épilogue d'une telle aberration.

    Et dans cette folie s'ébranlent les navires
    qui glissent dans un bruit de larmes et de soupirs,
    des cris, des S.O.S, lancés dans la souffrance
    pour finalement se taire et voguer en silence.

    Dans tes mots de chagrin je me retrouve... hier,
    lorsqu'à "Tombeau ouvert" nous roulons vers la mer,
    le long de cette Côte Emeraude s'il en est,
    garnie de roches brunes et surplombant la baie,

    auréolée de pins, d'oliviers, de yukas.
    Les plages de sable blond des criques de Tipasa,
    où la mer vient danser jusqu'aux pieds des cyprès.
    C'est là que ma famille devant mes yeux renaît.

    Rieuse et bienheureuse, elle joue au ballon
    pendant qu'avec la joie d'une grande excitation
    les enfants échafaudent de beaux châteaux de sable
    dévorés pour toujours par des vagues insatiables.

    Sur la route déserte nous faisons une halte,  
    près d'une grosse orange, curieux bar sur l'asphalte,
    puis à Sidi-Ferruch où la pêche nous attend,
    partie de rigolades d'un pique-nique, forcément.

    Et dotés de nos palmes, nos masques et nos tubas,
    nous flottons vers des fonds aux côtés de Papa,
    dans les bateaux coulés où se nourrit la vie,
    dessous, nous avons vu que la paix irradie.

    C'est drôle, je me souviens combien nous avons ri
    à nous gratter les pieds collés par le cambouis,
    et cette fierté de gosse à brandir nos butins
    de poissons et de poulpes ou de fameux oursins.

    Et le rire de Papa qui dégote des dormeurs,
    et la joie des plus jeunes qui crient.. des "dorloteurs" !
    des roches enclavées, des ruines mystérieuses,
    un vrai Bateau-Cassé pour une famille heureuse.

    La pêche sous-marine ou Maman passe des heures
    à scruter l'horizon et contrôler sa peur,
    car Papa plonge seul, longtemps et très profond
    muni tout simplement de crochets, de harpons,

    et son souffle puissant que l'on suit à la trace
    lorsqu'il expulse l'eau en remontées fugaces,
    pour se mettre à plusieurs et retirer sa "peau",
    fameuse combinaison utile pour avoir chaud.

    D'Ouest en Est nous allons jusqu'à la Pointe Pescade
    pour courir sur la plage et finir en baignade.
    Partout les villas blanches ornées de jolis pots,
    déguster les merguez qu'on aime à Fort-de-l'Eau.       

    Arrêt Cap Matifou pour admirer d'ici
    une vue magnifique d'Alger la Blanche pardi !
    Filer au Rocher-Noir où nous pouvons nager
    profiter du Figuier juste avant de rentrer.

    C'est ma vie qui défile en t'écoutant parler,
    au frais d'un cabanon où on se laisse aller...
    au bonheur palpable, sous cette ta jolie tonnelle
    sur la terre de France où la vie est si belle

    ma Belle...

    Catherine Pallois C'était hier Tous droits réservés

    Mis en ligne en octobre 2010 dans le petit monde de Babou.

    La musique fait partie de ma vie, j'écris souvent à partir de quelques notes d'une chanson, ici il s'agit de la musique du film si beau " LA VITA E BELLA ".

    Une citation qui me convient bien trouvée dans le bel ouvrage d'Annette Kobak dans Vie et Mort d'une rebelle 1877-1904 Isabelle Eberhardt. Page 258.

    ... Pour justifier notre présence dans le Sud-Ouest Oranais, la France a le devoir le plus impérieux d'y faire régner une paix bienfaisante et d'employer tous les moyens économiques pour améliorer le sort de ce pays... Sans cela, la conquête, dont l'opportunité a déjà été si contestée, resterait une équipée sans utilité aucune, et que tout esprit sensé n'hésiterait pas à condamner sévèrement...

    Perso je pense profondément que la paix ressentie par un peuple n'a rien de ressemblant avec la paix orchestrée par les politiques.

     Je confonds les époques 

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    « Le jubilé d'amour Je confonds les époques »
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  • Commentaires

    3
    Mercredi 26 Février 2020 à 23:24

    Que c'est beau ma jolie Catherine, j'aurais aimé avoir autant d'imagination que toi. Et la musique est divine. Passe un beau jeudi, bisou rose tendresse !

      • Jeudi 27 Février 2020 à 07:33

        Un grand merci Rose d'être arrivée jusque-là. Ces mots sont les prémices de mon "dialogue avec mon père" livret de 34 pages où mes souvenirs de ce passé reviennent et sont confiés à mon père aujourd'hui disparu. Alors oui un grand merci d'être passée me lire. Je t'embrasse affectueusement Rose.

    2
    Vendredi 13 Juin 2014 à 13:30

    Les commentaires laissés à l'époque

    1. rahmouna (site web) 30/05/2012

    croyez moi ou non a chaque fois que je lis ce poèmes j'ai les larmes aux yeux mon coeur se serre
    vraiment désolée pour ceux qui en perdu leurs grand amours ;oh adorable babou vous avez toucher le fond avec ce poème ;(aimons nous les uns les autres ) pour avoir moin de chagrin ;partageons nos souvenirs et essayons de voir que du bon coté ??????? MERCI A CEUX QUI PARTAGE AVEC MOI CET AMOUR

    2. rahmouna benali (site web) 07/04/2012

    la vie est pleine d'injustice ;votre poème reflète l'amour que vous portez au pays ou vous avez vu le jour;avant je vous voyez comme( colons)maintenant je vous comme amis que j'aurais tant aimée rencontrer ;sans rancune je vous aimes autant que j'aime mes ancêtres car nous partageons le même amour

    3. Jean-Marc (site web) 07/07/2011

    Très bel hommage.
    Je suis ému par autant de simplicité. C'est le coeur qui parle, et il le fait bien !

    REP DE CATHERINE : Je n'oublierai jamais... même si je perds un jour la mémoire il me restera toujours quelques bribes...

    4. Mestre Evelyne 29/05/2011

    En lisant ce magnifique poème , les souvenirs de mon enfance en Algérie ont ressurgi . 5O ans que j'habite en Provence , que j'aime et qui m'a adopté , mais le pays où je suis née est toujours présent dans ma mémoire .
    Nostalgérie ! Merci pour le moment de bonheur que la lecture de ces superbes lignes m'a procuré. Merci à toutes les deux .

    REP DE CATHERINE : Merci vous surtout Evelyne d'avoir lu cette poésie. Nostalgérie, vous avez raison... Dieu sait si tant et tant de gens regrettent, mais il faut regarder vers l'avenir et nous devons rester optimistes, absolument. A bientôt, je vous souhaite une belle journée entourée de votre famille et je vous embrasse.

    5. LNE 31/10/2010

    Magnifique poème vécu ! Les émotions se mêlent à l'espérance, ce qui rend ces écrits encore plus émouvants.
    Merci d'avoir partagé ce récit avec nous.

    REP DE CATHERINE : J'ai trouvé là une bonne formule pour me faire plaisir en partageant ce bonheur que m'apportent ces petites poésies-souvenirs. Merci Hélène. A bientôt... Bizzz

    6. Isa (site web) 31/10/2010

    Bonjour Cath,
    C'est vrai ta poésie est magnifique, bravo pour mettre si bien en vers une belle histoire très émouvante...
    Je continue ma balade...
    Isa

    REP DE CATHERINE : Merci beaucoup Isa, quel bonheur pour moi de pouvoir raconter et d'être lue... je suis heureuse... bonne balade. A bientôt. bizzz

    7. maman 18/10/2010

    Tu as le don de tirer les larmes et de méler les souvenirs de cette dame aux tiens qui sont parfaits, où va-tu chercher tout cela, dans ta mémoire bien sûr et pour quelqu'un qui dit n'en pas avoir. CHAPEAU Gros bisous, Mam.

    REP DE CATHERINE : Merci maman tu vois comme les souvenirs de tes enfants peuvent te ramener aux tiens mais sans larmes ça je ne le voulais pas. Je t'embrasse très fort.

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