• Le jubilé d'amour

    J'ai appris qu'une journée Religieuse à Alger, en faveur d'un rapprochement Franco-Algérien, avait été prévue de longue date pour le 29 février 2012 par l’Association Usdifra  et ses sympathisants pour le 50ème anniversaire de l'exode des anciens départements français d'Algérie, du rapatriement sur notre Continent des Pieds-Noirs et des Harkis.
    Les visas Algériens ont été refusés semble-t-il. Je ne veux ici surtout pas politiser cette page, mais je suis simplement attristée par tous ces gens qui avaient espéré faire un pèlerinage là-bas. Ils doivent garder l'espoir de pouvoir le faire un jour.

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    Ma poésie est plutôt un long récit, qui raconte :

    L'enfant a 50 ans cette année. En 1962 Josette avait 20 ans à peine, rapatriée en france elle devait accoucher après une longue et difficile traversée. Aujourd'hui date anniversaire de son fils, j'ai imaginé la voir heureuse entourée de siens.
    Le bonheur est fragile. Il faut un grand courage pour reconstruire une vie.

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     CE SONT LES NUAGES NOIRS QUI DONNENT LES EAUX LIMPIDES ET FECONDANTES

    Proverbe Arabe

    Pour Josette et Marco, pour Evelyne que je remercie de son amitié et Yvan

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    Le jubilé d'amour,

    Je m'arrête devant la petite loggia
    La porte est entr'ouverte. J'entends un bruit de pas.
    Nous nous embrassons fort, l'une et l'autre émues
    - Quelle journée mon amie vous m'avez entendue !

    Un fichu bigarré camoufle ses cheveux
    et pour toute richesse, la croix de son bon dieu
    cachée entre ses seins alourdis grassement,
    captifs et s'échappant de son chemisier blanc.

    Il y avait si longtemps ! malgré l'éloignement
    nous avions fait le voeu très solennellement,
    de nous retrouver pour, le jour des cinquante ans
    du seul enfant qu'elle eut, ce fils qu'elle aime tant.

    C'est vrai que dans ses yeux, les ombres du regret
    flottent vers cette époque brillant de mille attraits.
    Son enfance, sa jeunesse qui ne l'ont pas quittées,
    l'obsèdent beaucoup plus qu'elle ne l'aurait souhaité.

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     La journée fut si longue, pesante de souffrance
    mais la vie reprenait sur la terre de France.
    Dans le creux de ses bras ce petit homme-là
    porterait les espoirs d'un mieux, loin de là-bas.

    Elle fut courageuse, soutenue par ces femmes
    attentives au petit qui ranimait la flamme,
    un symbole authentique pour la survie de tous
    - Il sera grand et solide et sa vie sera douce !

    Saisie de l'énergie des jeunes accouchées,
    débarquée d'un voyage au goût du vent salé,
    le pied à l'étrier dans un monde nouveau
    elle vécut au rythme des sirènes de bateaux.

    A cette époque-ci, l'accueil sans sourire
    conforta son envie tenace à repartir.
    Coupée de ses racines, aidée de tous les siens
    près de la Canebière, elle se posait enfin.

    Ils "grandirent" ensemble avec très peu en poche.
    Elle avait bien failli pourtant louper le coche
    faisant la difficile au nouveau logement
    qui lui fut accordé, où elle vit à présent,

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    et où elle m'entraîne me serrant fort le bras
    dans l'ombre de sa demeure. Par un couloir étroit
    nous passons le salon, un petit chat y dort
    jouissant d'une fraîcheur qu'il n'aurait pas dehors,

    car il tape le "copain" jusqu'à en faire chanter
    les cigales, la famille et tous les invités.
    Qu'importe la canicule, c'est ainsi dans le sud,
    un vrai cadeau du ciel et on a l'habitude.

    Pour se désaltérer d'une soif phénoménale,
    les plus jeunes sirotent l'eau-de-vie familiale,
    le bienheureux kéfir dont la mère en culture
    doit-être préservée si l'on veut qu'elle perdure.

    La garrigue est bouillante à deux pas du logis.
    Barré d'un parapet de canisse sans chichi,
    un carré de terrain, un figuier magnifique
    au pied duquel prône une tablée magique,

    et son "grand" nous attend, exubérant de joie,
    appelle à la nouba fringué comme un pacha,
    et pour ce jour de fête débouche sans compter
    les bouteilles d'anisette et de Kébirs rosés.

    On passe de mains en mains, les amandes salées
    les tramousses croquantes douces ou pimentées,
    les pois-chiche grillées, les poignées de pépites,
    on picore en tchatchant sans aucune limite.

    La casbah est ailleurs, ici c'est la smala
    qui retrouve son verbe dans un grand brouhaha.
    Ali prépare son nay et Charles au tambourin
    à pour cette occasion fermé le magasin.

    La musique commence, on parle avec les mains,
    les souvenirs défilent, et l'on avoue enfin
    les exploits de ses pêches qui font encore rêver,
    la mer et ses douceurs, le désert ses chaleurs,

    les ruelles bouillantes et les jardins d'été,
    les petits ânes gris chargés comme des mulets,
    et les événements qu'on a rapatriés
    dans les bagages pour ne pas les oublier.

    Les parents morts là-bas qu'il a fallu laisser
    au chaud des cimetières aux sables abandonnés.
    Les copains disparus dans les cabales guerrières
    et les maisons laissées en stèles funéraires.

    On feuillette les albums, on sort de vieux papiers
    de l'époque perdue aujourd'hui rappelée.
    Les anecdotes fusent et les rires éclaboussent
    pendant que le mouton fourré d'ails en gousses

    rôti depuis des heures au-dessus d'un grand trou,
    farci à en crever, luisant comme un bijou.
    Le méchoui est en route et l'atmosphère jubile
    de parfums et de bruits intenses  et subtils,

    quand des gosses écarlates harguent qu'ils ont goûté
    un chouïa de piment qui va les étouffer,
    piétinent et salivent comme de jeunes chameaux
    devant l'oued asséché à réclamer de l'eau.

    Ici on fait gaiement le singe en goûtant la Mouna,
    et là, on remercie  d'avoir la baraka
    à trancher les pastèques si belles à regretter
    de ne pas les goûter à Oran ou Alger.

    Et c'est les larmes aux yeux que l'on trinque au bonheur
    - les retrouvailles sont belles, la paix est à l'honneur !
    Pour célébrer ce jour, ce jubilé d'amour,
    on écoute une voix et le bref discours

    d'une mère comblée et fière de proclamer :
    - A la paix retrouvée transmise à l'héritier !
    - je veux pour résumer cinquante ans... Dieu bénisse !
    - la vérité si j'mens... il est pas beau mon fils ?

    Catherine Pallois 2013 C'était hier Tous droits réservés.

    Musique : Song of Shéhérazade.

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     CELUI QUI EST RESSUSCITE PAR L'AMOUR NE MOURRA JAMAIS

    Proverbe Arabe

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    Je confonds les époques 

    « Auguste rencontreLa vie est belle, ma belle »
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  • Commentaires

    3
    Vendredi 13 Mars 2020 à 18:35

    Qu'elles sont merveilleuses ces retrouvailles à vos 50 ans et tes mots les expriment si bien ma belle Catherine, les images défilent dans ma tête.

    J'ai retrouvé ce que tu m'avais demander il y a quelques temps, cette création vient de chez Evy. Je te souhaite une belle fin de semaine avec toute mon amitié et ma tendresse !

     

     

      • Samedi 14 Mars 2020 à 12:07

        Merci infiniment Rose d'abord de ton message ici à la lecture de ce récrit sous forme de poésie que j'ai adoré écrire. Un grand merci pour ce dessin que j'avais vu effectivement et qui m'avait beaucoup plu je l'avais oublié mais comme il est beau je vais le mettre dans mes news. Je te souhaite un bon week-end Rose et je t'envoie plein de bisous d'amitié.

    2
    Vendredi 13 Juin 2014 à 13:30

    Anciens commentaires

    1. FANETTE (site web) 02/02/2013

    Bonjour Catherine
    Et voilà je suis en larmes moi, rhooooooooo, ce texte est magnifique et retrace simplement en cadence la vie de toutes ces familles d'émigrés, qu'ils soient algériens, tunisiens marocains et autres déracinés qui ont réussi à s'intégrer ici et qui sont si souvent l'objet de tant de haine
    Merci pour eux de ce texte rassurant et de ce bel hommage que tu fais à cette famille
    bonne journée Catherine
    bisous

    REP DE CATHERINE : Je suis très touchée que tu ais aimé cette poésie que j'ai tant aimé écrire. Merci à toi Fanette. Gros bisous.

     

    2. rahmouna (site web) 24/05/2012

    je suis ému devant ce chef d'oeuvre j'ai le coeur qui bat si vite en dirai qu'il veut s'envoler pour venir vous embrassez magnifique j'ai les larmes aux yeux
    vraiment désolée pour ceux qui se sont trouvaient contraint de quitter leur pays natal honneur a vous
    y a tant de chose a dire : certes vous étiez des colons mais la façon dont vous avez aimez ce pays efface tout (le fait de s'incliner n'humilie pas l'agresseur mais l'éléve )ghandi ....dieu m'est témoin je vous aime

    REP DE CATHERINE : Un grand merci à vous Rahmouna, ma poésie se veut optimiste et voici une citation qui me tient à coeur "Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." c'est de Martin Luther King. Merci beaucoup Rahmouna, à bientôt, je vous embrasse.

     

    3. Evelyne 23/02/2012

    Un texte émouvant à l'évocation de cette autre vie '' là bas '', les amis perdus , les tombes abandonnées ... mais le repas partagé dans la joie , l'amitié et cette exubérance irrésistible de ce peuple sont bien là ! Votre poème Catherine est un hymne à la vie , au goût du bonheur malgré tout . Merci Catherine , pour Josette , Marco , Yvan moi et tous les autres .

     

    4. Fernandez Martine (site web) 23/02/2012

    trop trop bien! c est beau!!!!! J'aime.....
    et beaucoup aussi le proverbe Algérien!!!
    bisous Martine

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