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Vivre sa destinée, Ghardaïa
Les joyaux des déserts du Magheb vous laissent des souvenirs inoubliables. Ghardaïa existe et elle est extraordinairement simple de beauté. J'ai visité avec ma famille la ville d'été adaptée parfaitement aux chaleurs torrides du Sahara.
Vivre sa destinée,
Nous avions traversé la bouillante Chebka
en famille, en voiture et jusqu'à Ghardaïa
ceinturée de moitié par des murs résistants,
oasis lointaine dans un si proche Orient !
Dans la vallée du M'Zab, de simples cubes austères
les uns collés aux autres, façades égalitaires
aux murs aveuglés, utiles à masquer
les femmes des regards impurs à oser,
transgresser de l'Islam la loi de discrétion
totale de l'intime, sous peine de sanction.
Au cœur de la fournaise, la cité pyramide
déchirait l'horizon. Souveraine et splendide,
elle pointait vers le ciel son pic culminant,
la mosquée, surmontée d'un minaret brillant.
Le souk sur la place battait déjà son plein,
l'air était accablant, le ciel bleu divin.
Sur leurs mulets chargés les Arbis houspillaient
qu'on gênait le passage et qu'on les dérangeaient.
Leurs abaïas sans manches à très fines rayures
collaient à leurs poitrines dépouillées de dorures.
Des marchands de denrées happaient notre attention
prêts à des compromis pour une acquisition.
Les affaires se traitaient installés sur des poufs
on parlait de villages : Touggourt, Biskra et Souf.
Au cœur des discussions qui alors s'animaient
le verbe enflammé des comparses s'élevait.
Un garçon conduisait son mouton son chameau
jusqu'à un très modeste marché aux bestiaux
d'où jaillissaient les voix d'acquéreurs nerveux
à disputer les prix de bétails peureux
promus à des besognes ardues et malaisées
que l'homme courageux ne pourrait assurer.
Nous cheminions en peine au milieu de la foule,
bercés du son des luths dont la langueur saoule.
L'entrée de la Casbah en arc de pierres taillées
ouvrait sur des centaines de marches délabrées.
Une dame voilée soudain fit volte-face
se colla contre un mur, rencontre dans l'impasse !
Restée seule auprès d'elle, je voulus lui parler
mais je dus m'éloigner pour ne pas l'offenser.
Souhaité sincèrement, ce contact entrepris
vraiment spontanément, violait des interdits.
Dieu protège son peuple brave et résolu,
la vie dans ce désert n'est pas la plus cossue.
M'éloignant de la place bruyante et agitée,
j'arpentais les ruelles avec curiosité,
derrière une porte basse, un lieu à visiter
où coulait en rigole l'eau ainsi préservée.
Quatre murs de torchis, des jasmins odorants
en grappes délicieuses, des arbustes grimpants
masquaient un escalier tout au fond d'un passage,
il grimpait rudement pour mener à l'étage.
Un tapis coloré, deux tabourets, des verres
un narguilé sur la terrasse à ciel ouvert,
j'accédais à ce lieu un peu intimidée
puis saluais un homme très fortement marqué.
L'invite à m'installer semblait être sincère
quoique ma condition aurait pu lui déplaire,
les femmes ici recluses, drapées de pied en cap
et ma petite personne qui brûlait des d'étapes...
Mais l'hospitalité dans ce désert immense
est une tradition pourvue de bienveillance.
J'entrais dans sa légende et je devins Daïa
jeune fille recueillie par ce saint homme-là,
généreux à transmettre ce qu'Allah lui permit
tandis que attentive je vivais son récit.
Je me savais épiée de n'être accompagnée,
l'air était suffoquant, les gorgées mentholées
étaient les bienvenues, j'étais au paradis.
Le sage racontait, le l'écoutais ravie.
J'ai gardé en mémoire d'avoir pris congé
un pincement au cœur et l'esprit chamboulé.
Des gosses enjoués m'avaient ouvert la route.
Ils riaient, se moquaient aussi un peu sans doute,
d'ainsi tourner en rond pour retrouver les miens
et puis je constatais qu'on me tirait la main...
Jusqu'à trouver mon monde au point de rendez-vous.
Nous reprenions la piste noyée de sable roux.
Ghardaïa disparue que je ne l'oublierai pas,
je garderai toujours dans mon coeur ces gens-là.
Sommes-nous vraiment pauvres dès lors que l'on a peu ?
serions-nous libérés et surtout plus heureux,
si la richesse était simplement d'espérer
dans la sérénité vivre sa destinée ?
Catherine Pallois Tous droits réservés - 08/13GHARDAIA
La ville de GHARDAIA ''porte du désert" est la plus importante et la plus visitée des villes du M’Zab.
La légende : Ghar Daya " le grotte de Daya "
Sous le signe de la légende, on raconte qu'un Musulman orthodoxe, envoyé dans le M'Zab pour reconquérir les infidèles, oublia cette austère mission dans les bras d'une fille belle et malheureuse, contrainte de vivre avec son bâtard dans une grotte. Elle s'appelait Daya. On chuchote qu'elle avait été abandonné volontairement parce qu'elle attendait très jeune encore un enfant. Elle resta donc seule, dans la grotte qui servait de grenier à sa tribu. La Daya ne manquait donc de rien si ce n'est de compagnie. Le soir, pour effrayer les bêtes et se réchauffer, elle allumait dans son trou un grand feu. Les nomades croyaient cette grotte hantée et craignaient son approche.A peu de distance de là, sur la colline où est maintenant bâtie cette mosquée qui porte son nom, le Cheikh Sidi-Bou-Gdemma arrêta ses chameaux et planta sa tente. Après quelques autres péripéties...Sidi-Bou-Gdemma en fit sa femme, et comme semble-t-il, le dernier groupe de batisseurs venant de Melika arrivait, à la recherche de l'emplacement de la dernière ville, ils s'allièrent avec le Cheikh pour fonder Ghardaïa, sur la colline de la caverne.Le Cheikh ne la quitta plus et lui dédia toute une ville.
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Tags : ghardaia, ville, vivre, sahara, ruelles, jasmins, hospitalité, destinée, souvenirs Algérie