Je veux préciser que "La Lette" (Colette) dans la vie de chaque jour est une vieille dame terriblement attachante et très amusante... mais comment l'exprimer ici  et en peu de mots ??? tout l'art de l'écriture est là et pour ma part je ne suis pas encore bien au point car je n'ai pas pu faire mieux ! J'ai trouvé que la Marche de Radetsky correspondait bien à l'ambiance de ce récit. Une poésie écrite en 2010 !!

ça... j'adooooore ! parce que je l'ai vécu, vraiment !

LA LETTE

Soirée concert au village, certains viennent de loin,
la neige les a bloqués plusieurs mois dans leurs coins.
Les plus jeunes aujourd'hui présentent leur musique
aux anciens enchantés d'une fête en publique.
    Une bonne animation, pour réveiller l'canton !

La Lette... haut personnage du bourg tout entier
est venue pour fêter quatre vingts ans passés,
elle retrouve l'Annie à peu près du même âge,
ce sont depuis longtemps des sœurs de bavardage.
    Discuter c'est facile, quand on est entre filles !

Les jeunes gens apaisent leurs pupitres excités
tandis que la "baguette" sollicite l'unité.
Dans la salle ça remue, ça discute, ça prend place,
on s'esclaffe ça et là et aussi on s'embrasse.
        Qu'il est grand le petit, un sourire à tatie ?

Pendant qu'une royale-cacophonie se joue
La lette elle est ravie de revoir son chouchou :
- regarde le René, s'il est beau ce gamin
pense... je l'ai bercé dans le creux de mes mains.
        Si gentil si mignon ah, c'est un bon ce garçon !

Les clairons, les trompettes et les flutes traversières
lancent des "tequila" avec la jambe en l'air.
- vise le pierrot son cadet.. la grosse caisse !
- l'est fier, mais l'était pas le jour de son botte-fesses !
       Si fait l'fou tape au cul, sinon il est foutu !

- Ah le voyou qu'a fait du tracas à sa mère,
vu qu'y piquait les œufs de chez le vieil Albert,
on l'a guetté trois jours derrière le poulailler,
il volait dans les plumes, mais on l'a débusqué.
        L'a tournée en bourrique, ce gosse... une vraie colique !

Tu sais l'Annie moi je l'aime la jeunesse...
Soudain elle entend... chuuut ! crié à son adresse :
- ferme ton bec la Lette... c'est un moderato !
- c'est ti ma faute à moi si j'suis sourde comme un pot ?
        Ils peuvent toujours crier, j'entends ce qui me plaît !

- Qui c'est donc la trompette qui s'tortille comme un ver ?
Roux comme il est, y viendrait bien du hameau Clair,
depuis la fin d'la guerre, ils ont viré "carotte",
à cause de la Francette qu'à fauté comme une sotte.
        C'est ti moche la guerre, ça t'retourne la caf'tière !

- Ben tu sais, pactiser comme ça avec l'ennemi !
Dieu, quand le Paul est rentré tout transi,
qu'il a vu ce colis lui sauter sur le nez,
il a baissé les bras mais il l'a accepté.
       un bon gars qu'il était, il l'a dit, il l'a fait !

- Oui ma ninie, ça fait du bien d'être là, d'causer
un peu de tout, la musique j'ai toujours aimé.
Regarde le fils Henry qui bascule sur sa chaise,
il a bu un coup d'trop en passant chez Roupaize.
        La marche de Radetzky et un verre bien rempli !

- Mais qu'est-ce qu'il gesticule ce gars que j'connais pas ?
se taire ? se taire ? mais moi j'suis pas ben là pour ça !
Y'a plus d'respect pour nos âges, j'crois plus aux miracles.
Dis-moi ma Nie, c'est long non ? c'est quand le spectacle ?
        ça va ti commencer ? c'est fini ? ah ! éééééé bééé... !!!

Catherine Pallois Tous Droits Réservés