• Taos ou l'extraordinaire destin d'une Juive Kabyle

    Taos ou L'extraordinaire destin d'une Juive Kabyle

    Taos ou l'extraordinaire destin d'une Juive Kabyle

    Auteur Jibril DAHO que vous pouvez retrouver sur sa page facebook - Editions Franco-Berbères

    Avec une belle préface de Michèle PERRET.

    ((Michèle que je voudrais justement remercier infiniment d'avoir partagé cette page sur facebook, ça fait plaisir vraiment pour que le livre de Jibril Daho circule))

    Je voudrais souligner, la richesse du vocabulaire utilisé par l'Auteur. Il magnifie l'ouvrage. Signaler également la présence de précieuses annotations en bas de chaque page pour la bonne compréhension du texte, elles sont indispensables.

    Jibril Daho nous fait don d'une très intéressante analyse : socioculturelle, politique, spirituelle et psychologique. Il évoque magnifiquement à travers les époques, l'incroyable destin de couples judéos musulmans et le cheminement douloureux de trois femmes juives par filiation maternelle, dont l'existence est régentée par une sorte d'exil pieux parfaitement assumé mais au prix d'une discrétion absolue l'histoire se déroulant en terre d'Islam. Les paysages sont superbement décrits. Les portraits des personnages sont remarquables. L'histoire au fil des pages se déroule en Kabylie orientale, contrée d'Algérie, pays et région tourmentés par de nombreux conflits et l'obstination populaire à préserver sa propre culture sociétale. Ce livre est passionnant et troublant. J'ai vraiment adoré. Ne pouvant réduire davantage mes citations, je me suis astreinte à ne citer que quelques mots des protagonistes de cette histoire incroyable d'une soumission volontaire à la loi du silence et de la tolérance de couples s'aimant par dessus tout.

    *****

     L'histoire commence ainsi, Mansour est musulman, il connaît depuis la petite enfance Soltana qui elle est juive. Ils s'aiment de tout leur coeur. A Ghardaïa lieu de leur naissance à tous deux, les mariages mixes sont absolument interdits et pas envisageables. Chaque communauté vit dans son quartier. Seuls les enfants peuvent jouer ensemble. Mansour et Soltana grandissent mais devenus de jeunes gens il leur fallut beaucoup d'ingéniosité pour cacher leur attirance réciproque. En âge de se marier, l'un et l'autre décidèrent malgré les interdits de s'unir pour le meilleur et pour le pire.
    Page 45 : Malheur à qui est insensible aux lois de la tradition " lui dit un jour le père de Mansour en guise d'avertissement.

    Première génération, première union judéo musulmane - Mansour et Soltana  : Mansour est banni de Ghardaïa après avoir épousé Soltana issue de la communauté juive. Ils ont pourtant grandis ensemble tout en respectant les interdits exigés par la coutume. Ils laissent derrière eux, famille et amis pour commencer une nouvelle vie.
    Page 43 ... Dans la même extase mystique, lui aimait l'Islam et elle le Judaïsme. En ces temps-là, la dévotion était intimement personnelle, une vertu divine sans transgression des autres croyances. Mis à part Mansour, nul dans son voisinage ne connaissait la confession juive de Soltana, aussi pratiquait-elle son culte avec réserve et discrétion.

    Le couple, loin de sa ville natale et au gré de difficultés surmontées au fil du temps, vit heureux et dans une parfaite communion spirituelle, chacun étant doté d'une bonne dose de tolérance et d'intelligence. Page 53 (Mansour et Soltana) Conjuguèrent leurs efforts pour l'épanouissement de leur foyer et à la réussite de leur commerce. Ils eurent une fille Messaouda.
    Page 56 ... ils se gardaient de lui révéler le secret plombé de leur couple judéo musulman.
    page 26 Depuis son jeune âge l'adolescente savait que ses parents étaient bannis de Ghardaïa. Ces derniers s'étaient gardés de lui révéler le vrai motif de dissensions entre eux et leurs parents.... Le sujet devint tabou, et, en sa présence, n'était jamais plus évoqué.

    Âgée d'une quinzaine d'années Messaouda rencontre Mohand.
    Page 57 En cette soirée mirifique, chargée d'effluves orientaux qui fumaient dans une cassolette, un enjouement inaccoutumé animait le visage de Mohand séduit par le charme irrésistible de la jeune fille... Ses yeux baissés lui dérobaient l'enchantement voluptueux exprimé dans le regard enflammé de son admirateur...

    Seconde génération seconde union judéo musulmane  Mohand et Messaouda - Page 59 Ce fut par une admirable fin de journée de bonne saison de figues, marquant le paroxysme de l'été, que prit fin le voyage par train de la mariée (Messaouda) et du cortège nuptial composé de Soltana et de quelques membres affidés de la famille de Mohand.
    L'installation du couple à Tighamime (lieu d'origine de Mohand) ne se passe pas sans nuages. On disait.. Page 62 … Messaouda, l'esthète citadine, était heureuse et rassurée de savoir que son homme l'acceptait telle qu'elle était, à la fois femme de caractère et conservatrice de la culture de sa famille. Page 61 .. Dans l'euphorie de son bonheur, la jeune mariée trouvait chez son mari, un allié, sinon un admirateur d'une constante adoration qui n'avait aucune intention de vouloir kabyliser ses mœurs et ses traditions vestimentaires...
    A force du grand amour qui les lie, à force de travail et d'abnégation, le couple vit heureux. De cette belle union naît une fille. Page 64... A la naissance de Taos, ni youyous n'étaient poussés, ni coups de feu ne furent tirés. Taos était née par une nuit étincelante de mille éclats sous un beau clair de lune.
    Hormis les difficultés de respecter et l'un et l'autre leur culte, se greffent des conflits qui empoisonnent leur vie, et toujours ces traditions si difficiles à respecter et toujours cette subtile alchimie à transposer les fêtes Islamiques en fêtes judaïques dans le secret bien sûr. Mohand est assassiné pendant un de ses nombreux déplacements. Page 67... La foi en Dieu pouvait adoucir la douleur. Heureux ceux à qui cette dévotion restait fidèle. Ces gens simples nourrissaient leur esprit de croyances enracinées...
    Soltana jugeant le moment venu se confie à Messaouda. Page 72... Par petites touches, elle parvint, non sans appréhension à lui révéler sa judaïté cachée. Soltana conta à sa fille les cruelles péripéties et tous les aléas de parcours que son couple avait subi pour s'être uni en dépit des mœurs communautaires...
    Vinrent la seconde guerre mondiale et la guerre d'Indochine, c'est à cette période qu'entre « en scène » Ali démobilisé avec le grade de sergent.

    Troisième génération troisième union judéo musulmane - Ali et Taos : Page 89 .. Pour conjurer le sort et rattraper le retard de leur passé pétrifié par le déplaisir d'un long célibat, les deux époux, l'un pour l'autre émerveillé, s'aimèrent d'un amour paisible. Un beau bébé naquit de cette union faite sur le tard et pour l'un et pour l'autre. Taos encore alitée sa grand-mère usa de subterfuges afin de provoquer une circoncision immédiate et cela conformément au rite juif. A l'âge de 3 ans Adel devint à l'insu de tous Adel Sultan : adepte complet de la Judaïté ou juif à part entière.
    Nous sommes en 1955 Ali meurt au champ d'honneur.Taos désormais voue  sa vie à son fils unique. En proie à la mélancolie et à une immense tristesse Taos est épaulée par sa mère Messaouda qui lui confie Page 101 … Pour sa pérennité, notre rite religieux a besoin de femmes opiniâtres, dotées d'un esprit vigoureux. Je t'ai transmis, tout ce que j'avais appris de ta grand-mère, mais je ne t'avais jamais indiqué les origines de nos traditions. En vérité  ta grand-mère n'est pas mozabite-ibadite, comme nous te l'avions laissé entendre jusque là. Elle est issue de la communauté juive de Ghardaïa. Par les liens du sang qui nous unissent, nous sommes juives par filiation maternelle. Si jusqu'à présent j'ai gardé le secret, c'est pour ne pas troubler ton foyer et t'éviter de vivre les tourments qu'à connus ta grand-mère. .. Maintenant que tu es veuve, je te l'avoue afin de soulager ma conscience du secret pesant que je porte depuis le décès de ton père...
    «  Nul, ma fille, ne t'oblige à t'apostasier... "
     Mansour meurt, Mansour par qui l'Histoire commençe... Page 108 …elles (Slotana, Messaouda, Taos) pleurèrent sa disparition, son destin pathétique, son exil contraint, ses brûlures de nostalgie et son bannissement cruel décidé par les gardiens du temple mozabite-ibadite.

    Taos accepte cet héritage si lourd de tabous et d'interdits.
    Page 114 .. Elle tenait vaille que vaille à continuer de porter le flambeau du Judaïsme en terre d'Islam...

    En plein conflits religieux et politique, Abel grandit et ne sait toujours pas qu'il est juif. Il se tourne vers l'Islam et devient Imam officiel à Alger. Il va chercher à connaître le passé de ses ancêtres en retournant à Ghardaïa. Là, il est confronté au mutisme d'une population qui au fil des ans à transmis le bannissement de Mansour et Soltana d'il y a pourtant si longtemps. Il comprend qu'un secret a été "religieusement" gardé au sein de sa famille, mais quel secret ? Entrainé par certaines dérives religieuses, Abel jeune imam en pleine réflexion idéologique sera arrêté quelques jours puis libéré.Taos ne le supportera pas. Abel ne saura le fin mot de l'omerta qui a sévit au coeur de sa famille durant des générations, qu'en rangeant les vêtements de sa mère avant de s'exiler en France.. Que fera Abel en France ?

    Jibril Daho nous promet une suite qui vraiment s'impose. On ne peut qu'admirer la description de l'auteur de chacune de ces femmes juives mariées toutes trois à des musulmans qu'elles aiment plus que tout.

    *****

    Cet ouvrage est magnifique et passionnant. Pour une première, c'est une réussite !

    et j'ajouterai une citation pour la fin

    Dieu est un, seule la façon de s'adresser à lui diffère. Jibril Daho (Messaouda à Taos)

    Taos ou l'extraordinaire destin d'une Juive Kabyle

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    « 18 décembre au 31 décembre 2015du 1er au 5 janvier 2016 »
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  • Commentaires

    2
    Lundi 7 Mars 2016 à 16:11
    Merci Michèle, je suis très sensible au fait que tu sois passée sur cette page, ton message (le seul malgré le nombre de visites) me fait plaisir, non vraiment pour moi, mais pour le livre lui-même que j'aimerais voir voyager.. il en vaut la peine, il est excellent.
    1
    MichèleP
    Lundi 7 Mars 2016 à 15:59

    Oui Babou, c'est un livre troublant, généreux et une grande leçon de tolérance.
    Merci pour ta critique, bien à la hauteur de livre.

     

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